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Les banques de semences communautaires permettent d’améliorer de manière durable l’accès à des semences à valeur élevée, en créant des entreprises communautaires viables et en protégeant la biodiversité. De plus, ces banques contribuent à l’adaptation des agriculteurs. Elles participent en outre indirectement à la diversification des revenus des ménages, aux systèmes de semences communautaires et à l’égalité des femmes et des hommes au niveau des communautés.
Face au changement climatique et à la variabilité du climat, les moyens de subsistances agricoles sont plus que jamais en péril. Les agriculteurs ont des difficultés grandissantes à maintenir la diversité des cultures. Les mécanismes existants visant à répondre aux besoins des agriculteurs en semences sont inadéquats. Toutefois, des solutions existent. Des recherches ont montré que les banques de semences communautaires peuvent améliorer la résilience des agriculteurs par l’accès à des cultures et des variétés diversifiées et adaptées à l’environnement local. Ces banques élargissent également les connaissances et les compétences des populations autochtones, notamment en matière de sélection, de traitement, d’entreposage, de multiplication et de distribution des semences.
Les banques de semences sont les archives de la diversité génétique locale. Elles reflètent souvent les conditions climatiques de la région, en particulier en ce qui concerne les pressions biotiques telles que les nuisibles de culture. Ces banques contribuent également aux stratégies d’adaptation des communautés face au changement climatique.
En Afrique, plusieurs initiatives montrent que les banques de semences communautaires sont intelligentes face au climat et peuvent améliorer la productivité des cultures, les revenus et la sécurité alimentaire des ménages dans le contexte d’un climat en pleine évolution.
Banques de semences est-africaines du CCAFS
En Afrique de l’Est, le programme du CGIAR sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (CCAFS) collabore avec Bioversity International pour mettre en place des banques de semences communautaires au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Ce programme a pour vocation de garantir la préservation de la diversité des cultures des communautés et faciliter l’accès des agriculteurs à des semences de qualité supérieure.
Des banques de semences ont été fondées dans trois villages intelligents face au climat du CCAFS, pour jouer le rôle de « phares » montrant la voie vers le test, le co-développement et l’adoption de portefeuilles intégrés de pratiques agricoles intelligentes face au climat. Les banques de semences sont gérées par des organisations communautaires locales. Des foires aux semences et des visites d’échange entre agriculteurs devraient favoriser l’adoption de ces banques par d’autres communautés et exploitants.
Programme de développement des banques de semences communautaires
Au Malawi, la National Smallholder Farmers’ Association of Malawi (NASFAM) a lancé un programme de semences communautaires, qui joue un rôle central dans la sécurité des semences et offre un meilleur accès à celles-ci. Les agriculteurs affiliés à la NASFAM sont formés en production de semences et en gestion des banques de semences communautaires. Les banques doivent être certifiées par l’autorité publique responsable à l’issue un processus dédié. Parallèlement à l’initiative de CCAFS, les terres sur lesquelles les banques de semences sont installées sont mises à disposition par l’organisation communautaire, ce qui encourage l’appropriation.
Les agriculteurs peuvent accéder aux semences de la banque communautaire à condition de rembourser 2,5 fois la quantité qu’ils ont reçue. Tout excédent par rapport à cette quantité demeure la propriété de l’agriculteur.
Les semences remboursées à la banque deviennent la propriété de la communauté. L’agriculteur bénéficiaire devient donc automatiquement un bénéficiaire secondaire. Les semences de roulement au sein de la banque communautaire sont ensuite vendues pour acheter de nouvelles semences et entretenir le programme.
« Les semences sont entreposées au sein des communautés. Cela garantit la plantation et l’accès des agriculteurs aux semences au moment opportun », explique Wycliff Kumwenda, de la NASFAM. Dans le cadre de ce programme, les agriculteurs ne doivent pas payer de garantie pour accéder aux semences de la banque. « Il s’agit là à mon sens des facteurs de réussite clés du programme », observe Wycliff.
Le programme de banques de semences est axé sur des semences de légumineuses améliorées afin de promouvoir la diversification. Les légumes ont été sélectionnés en fonction de leurs bienfaits nutritionnels pour les ménages ruraux. Ils apportent des protéines cruellement nécessaires, ainsi que des revenus lorsqu’ils sont vendus sur le marché.
Résultats pour les agriculteurs
Plusieurs résultats positifs ont été observés chez les agriculteurs participants :
- En gérant leurs propres semences, les agriculteurs sont capables de planter dès les premières précipitations, de manière presque simultanée. Ainsi, ils entretiennent des cultures de bonne qualité, avec des rendements élevés. Cela contribue également à l’uniformité de la maturité des cultures, qui aide les agriculteurs à mobiliser leur production à des fins de commercialisation collective.
- Parvenir à uniformiser la production : les agriculteurs participants produisent des céréales et des semences uniformes en termes de pureté des variétés. Cela réduit les coûts du calibrage et des variétés plus pures attirent de meilleurs marchés et permettent d’obtenir des prix plus élevés.
- Les bénéficiaires font état d’une productivité renforcée, ce qui améliore les revenus des ménages et les résultats socioéconomiques.
- Promouvoir la diversification des cultures : les agriculteurs plantent davantage de variétés de culture sur leurs terres, dans la mesure où un nombre plus élevé de variétés bien développées, adaptables et résistantes aux nuisibles et aux maladies sont disponibles. De plus, les banques de semences communautaires encouragent les agriculteurs à pratiquer la diversification économique, laquelle leur permet de tirer des revenus de la vente de céréales et de semences et de les investir dans des activités génératrices de revenus non agricoles, telles que la transformation de l’huile, l’épargne des villages et les emprunts. Cela contribue à lutter contre les activités économiques nuisibles pratiquées par les agriculteurs, telles que la production de charbon.
Les femmes jouent un rôle actif dans les activités quotidiennes des banques de semences communautaires, en leur qualité de gardiennes et de protectrices des semences. C’est le cas au Malawi et dans divers pays qui participent au programme CCAFS.
Cet article a été rédigé dans le cadre d’une initiative menée par le CTA visant à documenter et à partager les connaissances exploitables sur les approches agricoles efficaces pour l’agriculture des pays ACP. Il capitalise sur les connaissances, les enseignements et les expériences pratiques afin de documenter et d’orienter la mise en œuvre de projets axés sur l’agriculture pour le développement.