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L’Afrique australe est particulièrement vulnérable au changement climatique étant donné que les agriculteurs de subsistance dépendent presque totalement de l’agriculture pluviale. Les aléas climatiques tels que les sécheresses, les inondations et les précipitations irrégulières ont donc un impact significatif sur la sécurité alimentaire et les revenus d’une population majoritairement pauvre et avec peu de capacités d’adaptation.
Dans le cadre de son projet visant à déployer à plus grande échelle des solutions d’agriculture intelligente face au climat (AIC) pour les agriculteurs et les éleveurs d’Afrique australe, le CTA collabore avec un partenariat formé par la Zimbabwe Farmers Union (ZFU) – qui compte plus d’un million d’agriculteurs à travers le pays – et le groupe mondial de télécommunications Econet Wireless.
L’engagement du CTA s’appuie sur un partenariat existant entre la ZFU et Econet, fondé en 2015. Lors de la phase initiale du partenariat, la ZFU a offert aux agriculteurs des services et informations via le réseau mobile et la connexion internet mis à disposition par Econet à tarif réduit. A la mi-2017, le « ZFU EcoFarmer Combo » fournissait à 39 000 petits exploitants des conseils sur les cultures, des assurances basées sur un indice climatique et des assurances obsèques.
Depuis la participation du CTA, le partenariat bilatéral propose désormais une gamme de services élargie, toujours au prix d’un dollar par mois. La nouvelle formule inclut tous les services du combo original, ainsi que l’accès à des informations météorologiques supplémentaires par satellite et en temps réel – renforçant ainsi la diversité et la précision des informations du package original, qui provenaient d’une station météo. La nouvelle formule inclut également des renseignements téléphoniques gratuits sur les semences de maïs résistantes à la sécheresse, ainsi que des services de conseil sur les cultures et le bétail.
« Je trouve les SMS très utiles, et les informations relatives à la pluie et aux meilleurs moments pour semer et épandre l’engrais m’ont vraiment aidée à améliorer mes rendements », indique Winnieildah Hamamiti, une agricultrice du district de Zyimba, au Zimbabwe. Deux mois après son lancement, le nouveau combo a atteint environ 10 000 agriculteurs. En général, les exploitants utilisent ces services pour passer des variétés de maïs locales aux semences hybrides résistantes à la sécheresse, à la période de maturation plus courte et qui peuvent survivre avec moins d’eau. Les agriculteurs utilisent aussi les données météorologiques pour prendre des décisions en matière de planification agricole : à quel moment planter et/ou épandre de l’engrais, par exemple.
En outre, le CTA a aidé le partenariat à développer une plateforme d’enregistrement numérique pour les agriculteurs, qui aide à surmonter les défis rencontrés avec le système initial d’enregistrement sur papier. Récemment, le partenariat a aussi aidé des agriculteurs à négocier une réduction du prix des intrants, pour les agriculteurs enregistrés, auprès des fournisseurs (entreprises de semences de maïs).
Dans le cadre de ce partenariat bilatéral, les partenaires se partagent équitablement la responsabilité de la mise en œuvre de l’initiative, qui prévoit des réunions de projet régulières, un plan conjoint de mise en œuvre du projet et un protocole d’entente juridiquement contraignant définissant l’objectif, les activités, la durée et le financement du partenariat. Les partenaires partagent aussi un portail en ligne avec des statistiques sur le projet (notamment abonnements des agriculteurs, factures et paiements), permettant une grande transparence entre les parties prenantes et facilitant le flux global d’informations.
Le projet s’inscrit dans le cadre du travail du CTA pour promouvoir des partenariats durables comme moyen de mise à l’échelle d’initiatives d’AIC. En développant un réseau de parties prenantes diverses qui partagent la responsabilité de la réussite d’une initiative, et qui tirent tous deux avantage du partenariat, le CTA espère que les initiatives du projet seront maintenues au-delà de l’étape du financement des bailleurs, et atteindront plus de bénéficiaires. En ce qui concerne le partenariat zimbabwéen, la ZFU peut compter sur une plus grande capacité à fournir des ressources agricoles utiles, ce qui à son tour fait grimper le nombre d’abonnés et donc les revenus tirés des abonnements – qui peuvent ensuite être réinvestis dans les produits offerts. En ce qui concerne Econet, le partenariat lui donne accès à une large base de nouveaux clients – petits exploitants – à qui l’entreprise peut vendre ses services. Pour les acteurs impliqués, le partenariat promet des gains commerciaux, ce qui est généralement un facteur clé pour assurer la durabilité d’une initiative.
Le projet de mise à l’échelle du CTA, reconnaissant la nécessité de la diversité dans la création de partenariats durables, cherche aussi à impliquer le secteur public, qui est en mesure de proposer des structures existantes. Le ministère de l’Agriculture du Zimbabwe a aidé à faciliter la diffusion de l’initiative ZFU-Econet via son réseau local de vulgarisation agricole. Des vulgarisateurs ont en particulier fourni des informations sur le projet à des dirigeants politiques locaux et des membres du public, souvent sceptiques, jouant ainsi un rôle vital dans la validation et la légitimation du travail du partenariat.