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Les femmes sont des acteurs essentiels du secteur agricole en Afrique, mais elles doivent surmonter une série d’obstacles pour développer et gérer des entreprises agricoles prospères. L’offre de « bouquets » de services – incluant l’accès à la terre et au financement, le développement des compétences commerciales, des conseils de vulgarisation et l’offre de débouchés porteurs – aidera davantage d’entrepreneuses à se tailler une place dans le secteur agroalimentaire.
Le secteur agroalimentaire africain devrait peser 880 milliards € d'ici 2030, devenant ainsi le « nouveau pétrole » du continent, comme l’indique la Banque africaine de développement (BAD). Les entrepreneuses jouent un rôle primordial – mais largement méconnu – dans le développement du secteur agricole, la création d'emplois et l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. De nombreuses agripreneuses ont déjà réussi à accroître leur productivité et leur rentabilité. Le déploiement d'une série de services visant à réduire les obstacles auxquels elles sont confrontées renforcera leur participation au secteur agroalimentaire.
Développement des compétences et accès aux moyens de production
« L'accès des femmes aux principaux moyens de production agricole est essentiel », affirme Deborah Rubin. Cette anthropologue a co-fondé Cultural Practice, LLC, une société de conseil, basée aux Etats‑Unis, spécialisée dans la promotion de l’égalité hommes-femmes dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’évaluation et du suivi. Les moyens de production sont essentiels à la gestion d’une entreprise du secteur agricole. Un producteur doit par exemple avoir accès à la terre pour cultiver et élever des animaux. En plus de cela, la main-d’œuvre et les capitaux sont aussi indispensables à la gestion d’une entreprise agroalimentaire.
« Une des approches dont l’efficacité a été démontrée est celle qui consiste, au niveau des projets, à regrouper différents types d'activités et à offrir aux femmes des "bouquets’’ de services techniques et d’information », explique Deborah Rubin qui a présenté un exposé sur ce thème lors d'un événement de capitalisation d’expérience, organisé par le CTA, en décembre 2018.
Certaines organisations de soutien aux femmes ne se contentent pas de leur accorder des crédits, elles organisent également des formations en développement d’entreprise et les mettent en contact avec des entreprises qui leur achèteront leurs produits ou services.
Aider les femmes à accroître leur autonomie
« Les femmes ont beaucoup de difficultés à accéder aux services ou à trouver des débouchés pour leurs produits, car elles ont généralement moins de ressources que les hommes, même au sein de la même communauté », explique Deborah Rubin. « L’objectif, en leur fournissant ces ressources, est de les aider à surmonter les obstacles liés au genre. La terre, par exemple, est une ressource essentielle. Les femmes n’y ont qu’un accès limité. Les organisations de femmes essaient donc de donner aux femmes les moyens de se regrouper en coopératives de productrices. De cette façon, elles ont accès à la terre, même lorsqu’elles n’en sont pas propriétaires. »
« Les femmes jouent des rôles très divers dans l’agriculture, ajoute Mme Rubin. Nous devons tenir compte du contexte culturel de la production. Et ce qui importe ici, c’est de considérer le contexte culturel comme un facteur favorable plutôt que comme un obstacle », fait-elle remarquer, en insistant sur l’influence de ce contexte sur la répartition des rôles entre les hommes et les femmes. Et de continuer : « Les femmes travaillent à leur propre autonomisation. Les politiques et les organisations ont bien sûr un rôle à jouer, en soutenant leurs efforts d’autonomisation, mais en définitive, c’est bien aux femmes de se donner les moyens d’accroître leur autonomie. C’est à elles de jouer ! »
Cet article a été rédigé dans le cadre d’une initiative menée par le CTA visant à documenter et à partager les connaissances exploitables sur les approches agricoles efficaces pour l’agriculture des pays ACP. Il capitalise sur les connaissances, les enseignements et les expériences pratiques afin de documenter et d’orienter la mise en œuvre de projets axés sur l’agriculture pour le développement.